quand les tiques attaquent, maladie de Lyme








Transmise par les tiques et longtemps considérée comme rare, la maladie de Lyme est aujourd’hui en pleine expansion, au point d’inquiéter les spécialistes internationaux qui craignent d’avoir à faire face à une épidémie. Enquête sur une affection aussi méconnue que redoutable.
« Il y a encore une quinzaine d’années, on pouvait passer l’été sans en avoir, maintenant ça n’arrive jamais […]. Parfois on trouve des “nids” et il suffit de s’asseoir dans l’herbe pour en ramasser deux ou trois cents. Même (quand on est) à vélo, elles arrivent à s’accrocher. » Elles, ce sont les tiques. Guide de randonnée dans les Pyrénées, l’une des régions les plus touchées de France, Thierry Cottereau ne fait que constater, à l’instar de ses collègues et des éleveurs locaux, la prolifération récente de ces petits acariens, parasites des animaux comme de l’homme. Perchées sur le sommet des hautes herbes, les tiques peuvent attendre plusieurs semaines avant de s’en prendre à une victime dont elles sucent le sang grâce au rostre, une sorte de harpon qu’elles enfoncent dans la peau. Gorgées de sang, elles passent alors de la taille d’une tête d’épingle à celle d’une cacahouète. Désagréable et peu ragoûtante, une telle piqûre ne porte cependant pas à conséquence, sauf si le parasite est infecté par un germe, responsable chez l’homme d’une affection méconnue car jusqu’ici peu fréquente, la maladie de Lyme.

Face à une épidémie mondiale


«  La tique inocule une bactérie appelée Borrelia burgdorferi. La piqûre passe souvent inaperçue parce qu’elle ressemble à celle d’un insecte et donc souvent on ne propose pas de traitement. La maladie va alors évoluer à bas bruit sous une forme d’abord subaiguë, puis chronique pendant des mois ou des années, dix, vingt, trente ans », explique le Pr Christian Perronne, chef du service d’infectiologie de l’hôpital Raymond-Poincaré (Garches). Prise à temps, une antibiothérapie de quelques semaines suffit à enrayer l’infection. Dans le cas contraire, la Borrelia se répand dans l’organisme et migre vers le cœur, les artères, les articulations ou même le cerveau, provoquant des manifestations redoutables : fatigue extrême, troubles de la vision, de l’élocution, douleurs articulaires, difficulté de concentration, perte de mémoire… Or, en raison de la prolifération des tiques, la maladie de Lyme ne cesse de gagner du terrain. Selon le Dr Richard Horowitz, un médecin américain qui a ouvert un centre spécialisé dans la prise en charge de cette pathologie, « on est en face de l’épidémie mondiale la plus importante transmise par un vecteur. C’est un problème planétaire ». Il semble donc urgent d’apprendre à mieux connaître la borréliose pour pouvoir bien la soigner et freiner sa progression.
Beatriz Loiseau