Servitude...





«Nous flattons le cheval dès sa naissance pour l’habituer à servir. Nos caresses ne l’empêchent pas de mordre son frein, de ruer sous l’éperon lorsqu’on veut le dompter. Il veut témoigner par là, ce me semble, qu’il ne sert pas de son gré, mais bien sous notre contrainte.

Que dire encore ? « Même les boeufs, sous le joug, geignent, et les oiseaux, en cage, se plaignent. Je l’ai dit autrefois en vers...

Ainsi donc, puisque tout être pourvu de sentiment sent le malheur de la sujétion et court après la liberté ; puisque les bêtes, même faites au service de l’homme, ne peuvent s’y soumettre qu’après avoir protesté d’un désir contraire, quelle malchance a pu dénaturer l’homme — seul vraiment né pour vivre libre — au point de lui faire perdre la souvenance de son premier état et le désir de le reprendre ?»


Discours de la servitude volontaire - Etienne de la Boétie -1548






460 ans donc nous sépare de ce texte si actuel, avec pour seule différence que de nos jours, dans nos démocraties, la servitude n'a jamais été aussi liée à la volonté personnelle d'être esclave par l'adhésion au système marchand. Ce dernier n'a d'ailleurs d'autre objectif que de lier la production à la consommation, système que l'on nous présente uniquement comme voie unique, j'achète donc je suis (le moral des ménages dont on nous bassine les oreilles ne serait traduit que par l'acte d'achat !, c'est à croire que la vie ne se résume qu'à cela).

Mais faut-il y voir hélas la tendance naturelle de l'être humain, (quel que soit les époques, le régime politique), ou la masse, toujours empreinte de panurgisme préfère le rôle du chien à celui du loup de la fable.

La liberté ne serait donc pas une condition à conquérir, mais une aptitude intérieure à la vivre...




« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » (La Boétie)