Aux heures sombres du jour













Aux heures sombres du jour je couche sur le papier ces quelques mots comme le naufragé insère son dernier espoir dans sa dernière bouteille, avant de la jeter dans la mer infini de l'horizon du monde virtuel. De ce trop plein d'informations tout se noie dans ce magma, ce mouvement brownien qui s'accentue à force d'être nourri par mes semblables, images, mots, vidéos, avis, contre avis, intox, rien ne manque, surtout pas le sordide. Comme à l'ouverture des ondes aux radios libres, aux nouvelles télévisions, le net est à l'image des hommes de cette Terre, le choix qu'on nous prônait était confondu avec la qualité des programmes, qui, s'ils existent heureusement, restent cantonnés à un public minoritaire. Ce n'est pas ici un avis d'élitiste, car il faut reconnaître que l'effort est nécessaire pour apprécier le paysage au sommet des montagnes, mais simplement un constat désabusé.

Dans notre société du plaisir immédiat il est difficile d'inculquer aux plus jeunes l'idée qu'une satisfaction immense peut être obtenu au terme d'un effort, même minime à nos yeux (attendre par exemple de lire la cinquantième page d'un livre pour voir se dénouer l'écheveau d'une histoire à suspens et non pas tourner le bouton d'une tv et ingurgiter une bouillie prédigérée !). Mais le constat est toujours le même, le troupeau suit la pente naturelle qui va vers la facilité, cette porte toujours grande ouverte avec ces lumières factices, bébé assis sur sa chaise haute attendant que maman apporte la soupe.


Les religions ne s'y sont pas trompées, qui, si elles sont les dernières qualifiées à pouvoir parler de déité, sont bien les premières à connaître le penchant humain, servile, naïf et panurgisant, toute l'histoire nous montre l'exactitude (hélas) de cet état de fait !


Aux heures sombres de ce jour j'arrête ce court texte et préfère me pencher sur le testament de l'abbé Meslier, ecclésiastique éclairé s'il en fut (un des rares à être lucide et connaissant bien le fonctionnement des hommes par rapport aux croyances), et dont nous ferons bientôt un article particulier et qui s'exprimait ainsi :


"Tous les esclavages se tiennent, et les hommes accoutumés à déraisonner sur les dieux, à trembler sous leur verge, à leur obéir sans examen, ne raisonnent plus sur rien."