humeur d'entre les deux rives




J'ai navigué sur cette Terre entre les deux néants, celui d'avant ma naissance et celui d'après mon existence. Fugitive étincelle au regard des immensités cosmiques...
J'ai appris que l'être est seul responsable de ce qu'il lui arrive. Hélas du jardin des dieux où il fût tombé il n'eut de cesse de s'enchainer dans les prisons de l'ignorance, de l'obscurantisme, laissant derrière lui une planète de moins en moins bleue, et des hommes de moins en moins frères, si tant est qu'ils le furent un jour...

La science a eu les moyens de nous épargner bien des peines, mais le gaspillage des ressources à des fins futiles nous éloigne de plus en plus des possibles que le monde était en droit d'attendre pour le bien des générations futures.

Les îlots de conscience n'ont jamais pu remédier à la prédominance de la partie obscur de l'être, et les prophètes criant dans le désert l'universalité humaine n'ont servi que de vils intérêts. Le message a-t-il besoin d'une certaine aptitude à la liberté intérieure pour être saisi dans toute sa dimension ? Je le crois volontiers si on en juge l'état de servilité et de dépendance mentale des hommes, ainsi que le bilan de 100 000 ans d'aventure humaine !

Mais au banquet du monde j'ai mangé mon repas, et sans me sentir frustré de n'avoir pas connu tous les espaces car ils me sont inaccessibles, et connu tous les temps car je les contient tous dans l'étincelle de mon âme, je m'en irai sans regarder derrière moi les fantômes du monde...
Humeur d'entre les deux rives...