Les derniers cyniques...

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On les croyait disparus depuis l'antiquité, mais, comme les gnostiques, ils se noient aujourd'hui dans la masse. Malgré les apparences, notre époque est pire encore que celle dont ils sont issus. Leurs messages n'émergent plus sous la pile d'informations qui suinte de toute part, ou l'essentiel est jeté aux orties au profit du sensationnel de pacotille et d'une information de l'inutile. Je crois qu'ils vivent cachés de peur qu'une nouvelle ère d'obscurantisme ne les fassent passer de l'indifférence générale à un statut de bouc émissaire si on avait connaissance de leur détachement absolu, de leurs exemples qui démontrent que la véritable liberté concerne l'individu avec lui même et non à l'adhésion de cette nouvelle religion qui donne une valeur toute artificielle aux objets, qui désacralise le vivant pour en faire un objet de négoce, qui bafoue la beauté du monde pour en faire des « théâtres d'opérations »...et substitut l'état de citoyen à celui de consommateur.Quel belle finalité...
Dans cette recherche intérieure, il s'agit de tenir le pas gagné, pour ne point disparaître avec le flot en déroute de la rivière aveugle, de ce temps illusoire et de perdre la conscience d'être, de marcher tel un boeuf dans le couloir de la mort, en regardant le sol, s'absentant de soi-même.
Libre à vous d'entrer par la grande porte, celle du futile et du clinquant, oubliant la petite lucarne tapis dans l'ombre.
Vous avez perçu de la lumière et du bruit, et, tel le papillon de nuit attiré par le projecteur, vous ne sentirez même pas vos ailes brûler...
Je préfère la petite porte donnant sur la salle sombre et quasi déserte, j'essayerai de gravir tant bien que mal, souvent sous le sourire moqueur des imbéciles, quelques marches vers l'indicible. Il ne leur restera que ce faux sentiment d'exister à travers le tumulte, l'inutile, dans une vie vécue par procuration, d'une vie d'esclave...