L'oeil du dedans...





Je ne sais pourquoi je savoure toujours avec délice ces moments ou je marche parmi les vieilles pierres de ces cités médiévales ou antiques, en forêt parmi ces « vénérables immobiles », comme si quelque chose matérialisait la relation entre ce coeur tellurique et l'espace infini...

La vision mystique des reflets du vitrail sur cette colonnade, l'imposition de mes mains sur les stèles millénaires, le silence de ces cathédrales seulement bercées par le murmure de l'orgue, qui nous appelle à une plongée dans l'être profond, vers cette contemplation du verbe qui émerge du lieu ontologique de notre âme. Lorsque notre marche s'évapore de l'esprit alors que nous sommes toujours en mouvement, non plus dans l'espace, mais en lévitation vers la source que nous cherchions vers un ailleurs et qui pourtant n'a jamais cessé d'être nous, d'être ce « je » dans sa totale nudité...
Je sais alors qu'il suffit de peu pour jouir pleinement chaque jour que nous abordons, sans frustration aucune de notre limitation dans le temps et l'espace, puisque dans ce lieu inétendu de l'être, où les mots et les concepts n'ont plus aucune prise, j'englobe l'universalité des mondes, et vis la plénitude absolu. Je peux m'asseoir alors et n'attendre plus rien ni personne, car la totalité est déjà présente, ici et maintenant...