Mémoire d'un poilu et mémoire des hommes...



Le dernier « poilu » français s'en est allé rejoindre ses camarades d'infortune, lui le dernier témoin de tout un siècle mêlé de folie, d'atrocités, mais aussi de formidables découvertes, d'espérances aussi. Plus qu'un homme, c'est une mémoire qui disparaît, et me vient en souvenir une question qui me fût posée avec le dédain qu'affiche volontiers ceux pour qui l'histoire est une parasitose dévolue aux rats de bibliothèque.
Ma réponse fût certes disproportionnée mais faut-il être avare d'argument devant le danger d'amnésie ?
Je crois fermement qu'oublier un fait historique et notamment ceux concernant les crimes contre l'humanité, c'est être complice de ce crime dans le sens ou, lorsque la transmission du savoir est interrompue, tout repère échappe à la génération suivante, jusqu'à la répétition de l'histoire.
Ne nous leurrons pas, les criminels, ce ne sont pas les autres, ceux d'hier, ou ceux qui commettent ces crimes dans certains pays, totalitaires ou de non droit, non, ils ont notre visage, ils sont en sommeil au plus profond de nous, prêt à se réveiller au moindre signal inconscient, et dont nous serions, par cette faiblesse d'âme (qu'entretien l'ignorance historique), les premiers prescripteurs.
L'attention, l'esprit critique, doivent toujours être en éveil, et nous devrons sans cesse rabâcher aux jeunes ce message afin qu'ils ne puissent dire « nous ne savions pas ».








1 comment

Anonyme a dit…

"Il hurlait : Venez me chercher, j'ai la jambe coupée. Je n'en pouvais plus. J'y suis allé avec une pince. Je suis d'abord tombé sur un Allemand, le bras en bandoulière. Il m'a fait deux avec ses doigts. J'ai compris qu'il avait deux enfants. Je l'ai pris et je l'ai emmené vers les lignes allemandes. Quand ils se sont mis à tirer, il leur a crié d'arrêter. Je l'ai laissé près de sa tranchée. Il m'a remercié. Je suis reparti en arrière, près du blessé français. Il serrait les dents. Je l'ai tiré jusqu'à nos lignes, avec sa jambe de travers. Il m'a embrassé et m'a dit : Merci pour mes quatre enfants. Je n'ai jamais pu savoir ce qu'il était devenu."

"Aux enfants, je leur dis et je leur répète : ne faites pas la guerre."

et maintenant, qui va le dire aux enfants ?

12 mars 2008 à 22:54