Silence









Véritable trésor en voie de quasi disparition dans nos centres urbains, le silence est à chercher souvent en vain ( parmi le vacarme de la circulation automobile, dans les magasins qui ne peuvent s'empêcher, stratégiquement, de distraire notre réflexion, dans les moindres espaces de notre vie quotidienne et casanière).

Combien sommes nous à supporter ne serait-ce qu'une heure, le soir venu, un peu de ce nectar qui nous permet de nous recentrer un peu sur ce que notre âme a à nous raconter, ce dialogue sans parole avec soi ? Décanter un peu le tumulte subit au cour de la journée. L'analyse des problèmes rencontrés se fait plus facilement, sans interférence. Malgré cela nous nous entêtons à rechercher le moindre bruit, allumer tv ou radio juste pour ajouter un fond sonore à nos existences que l'on croit morne ou triste sans cette béquille sonore, emplir du vide par le vide...

Le silence est créateur, page blanche qui ne demande qu'à être noirci par les images enfin captées, mots fugaces rattrapés et non plus dilués dans le capharnaüm ambiant, décantés, soupesés...

Comme il existe une persistance rétinienne, l'esprit aussi a la sienne mais plus tenue, plus inconsciente, et si les assauts répétés de la horde sonore tambourinent à nos portes crâniennes, il nous est impossible de tamiser le bon grain de l'ivraie et quelques minutes après, la récolte est perdue à jamais !

A chacun de se ménager donc un peu de cet espace de liberté qui ouvre sur la porte de tous les possibles du monde imaginaire, et qui mène souvent sur le monde réel (qu'est-ce donc que les anciennes utopies devenues les réalités d'aujourd'hui sinon des errances créatrices d'esprits libérés de toutes contraintes ?).

A l'inverse, tout ces bruits, ces jeux incessants de lumières, ces spectacles criards et insipides ne sont-ils pas aussi crées afin de divertir notre esprit, endormir peu à peu notre vigilance afin d'enrayer ces anciennes utopies par l'adhésion subliminale de la masse à ce magma décérébrant, et de mieux manipuler les foules ?















1 comment

Anonyme a dit…

Encore un très bon article, maître Crates, que je me suis réjoui à lire dans un calme seulement perturbé par le ronron de l'ordinateur... Que c'est bon !

18 novembre 2008 à 22:43