Quelques mots aux quatre vents



Illusion d'une survivance à travers les mots, témoignage de notre furtif passage auprès de ceux qui ne sauront jamais qui nous fûmes, leur dire que nous aussi, nous avons été ce qu'ils sont, qu'une étincelle intemporelle ne cessa de briller dans notre solitude ou nous rejoignons par là même la multitude des êtres...



Comme les doigts sur le piano égrènent les notes, le temps déroule sans discontinuer la grande artère des mondes qui passent, laissant sur le bord du chemin ceux qui ont saisi qu'il n'est nul train à prendre pour aller de nulle part à nulle part, que l'être se suffit à lui même pour savoir qu'elle est sa véritable nature, ici et maintenant...


Godot est parti en voyage éternel, sommeillant en un lieu secret d'où ne partiront jamais de trains, à la fois voyage et voyageur, s'emportant tout entier dans son aventure humaine aux mille facettes, rejouant la création à chaque instant qui passe, unifiant le monde à chaque instant immobile..

Le voyageur, lui, poursuit sa chimère et s'éloigne d'autant plus d'un but qu'il projette à l'aura de ses fantasmes, de ses rêves d'enfant, éclosion avortée sur sa piste d'envol inétendu...