J'en appelle, Jacques Viallebesset

 

 Un sublime poème...

J'en appelle, de Jacques Viallebesset

 

S'il est toujours minuit en ce siècle 

A la kermesse des étoiles 

Le meilleur est encore à venir

Les épiciers du coeur tiennent boutique 

Sous le bec des vautours 

La chair quitte les os 

Ce monde est un vaste charnier 

Les hommes cherchent en vain leur ciel 

Dans le regard vitreux des autres 

 

Pour que le coq puisse annoncer l'aurore

J'en appelle aux clowns et aux prophètes 

Aux bateleurs, aux rêveurs, aux jongleurs

Et au coeur de soleil des forains 

Il faut replanter l'arbre de vie 

Dans l'humus des coeurs

Avant que l'océan de la mort

Engloutisse la terre où, êtres sans destin,

Nous errons en quête de notre Orient

 

On ne pourra pas dormir tranquille 

Tant que l'on n'aura pas les yeux ouverts 

Restent le courage et la lucidité 

Pour aimer en dernier recours 

Notre réalité est plus grande que les illusions 

Nous savons que nos jours sont comptés 

Nos colères rouges doivent refleurir 

Bien que les coquelicots soient éphémères 

Afin de partager le beau pain des forts et des sages 

 

Pour que la sève irrigue nos branches

J'en appelle aux buveurs de lune, 

Aux alchimistes du verbe qui allument 

Des soleils d'or au coeur de la nuit 

Aux conquérants de la Toison d'or, 

Aux guetteurs de l'invisible et de l'indicible

Aux chercheurs de Graal et aux fils du vent 

Aux chercheurs de mots de feu 

Et aux professeurs d'espérance

 

S'il est minuit dans ce siècle

A la kermesse des étoiles

Le meilleur est toujours à venir

J'en appelle à vous Nobles Voyageurs 

Qui traversez l'espace et le temps 

Moi, qui suis un arbre en marche 

Dont les racines sont dans le ciel 

Je m'en remets à vous Merlin et Mélusine 

Et vous, mes semblables, que la poésie vous garde...

 

Extrait de LE POLLEN DES JOURS , ed Le nouvel athanor. 2014  www.lenouvelathanor.com