Adieu Paysans
1947 : Libérées depuis deux ans, les
villes ont faim. Jamais le pays n'aura autant compté sur ses
paysans. Oui mais voilà : le monde rural n'est plus dans l'époque.
Il est mis en demeure de se moderniser. En quelques années, la
mécanisation va le faire passer d'un mode de vie fondée sur la
lenteur à celui de la vitesse. La modernisation introduit une
révolution dans l'économie et la mentalité paysanne: le crédit.
L'endettement contraint à produire plus, donc au recours
systématique des engrais chimiques. Productivité et planification
se révèlent incompatibles avec le système traditionnel paysan où
patriarche, famille et entreprise ne faisaient qu'un. Il implose. Un
peu plus d'une génération s'est écoulée depuis la Libération. Ce
n'est désormais plus le ciel que la nouvelle génération de paysans
consulte, mais Bruxelles et ses quotas. De la Bretagne au Larzac, les
campagnes entrent en convulsions. Bientôt un mythe va naître : le
mythe paysan qui connaîtra son apogée avec la Grande Moisson un
jour de juin 1990 sur les Champs-Elysées. Perdurera-t-il ?
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