Monod, l'hippopotame et le philosophe
Impossible de présenter Monod en quelques lignes tant le personnage est riche, traversant le siècle dans la tradition des encyclopédistes, des naturalistes du dix-neuvième siècle, mais avec la lucidité du présent et le soucis militant de la préservation de ce qui reste à sauver.
Juste quelques mots ici pour vous présenter le recueil qui regroupe ses chroniques lorsqu'il travaillait à Radio-Dakar en 1940 et 1941, petit ilot ou la voix timide de Monod diffusait un peu de lucidité et d'humanité dans une France fascisante.
Petit extrait
On ne saurait nier sérieusement l'éveil oriental des grandes civilisations eurasiatiques, puisque l'Europe septentrionale n'a connu le métal qu'environ 4000 à 5000 ans après la vallée du Nil, près de 2000 ans après la Mésopotamie, l'Iran et l'Inde, près de 1000 ans après la Chine.
Ce sont là des dates salutaires à connaître à l'heure où d'habiles logomaques et de pieux mais naïfs adeptes du nouveau culte, et même jusqu'à des chercheurs sincères, cèdent à la fascination d'une mystique à allures parfois pseudo-savantes qui, niant les origines orientales de notre civilisation, veut en reporter la source dans je ne sais quelle glaciale Hyperborée.
Sans doute rien n'est a priori impossible. On peut tout supposer, on peut tout affirmer, même de très bonne foi. Seulement, si l'on veut être suivi de ceux qui préfèrent des faits solides à de nébuleuses fantasmagories, cela ne suffit pas. Il faudra prouver. Et c'est là que nous attendons, paisiblement et de pied ferme, nos microscopes en batterie derrière un parapet de pierres taillées, un glacis de tessons archéologiques et une contrescarpe de briques à cunéïformes, les mythomanes du nordisme.
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