du "prix du danger" à l'expérience de Milgram revisitée pour "zone extrême"


L'émission du 17 et 18 mars prochain sur France mérite le détour. Une étude sur la soumission à l'autorité, toujours d'actualité dans notre monde. Petit rappel avant toute chose :

le prix du danger est un film (prophétique ?) de 1982, lui même tiré d'une nouvelle de science fiction de 1958 (comme quoi la réalité la dépasse souvent, nous allons le voir...).
Dans ce film, de pauvres types devaient, pour gagner un million de dollars, échapper à des tueurs et rejoindre un lieu secret. Le tout en direct à la télévision, préfigurant un peu notre télé poubelle. L'émission est truqué et la majorité des candidats succombent sous les balles et les éructations simiesques des spectateurs. On a vue que TF1 et M6 avaient bidonné eux aussi leur jeu de télé « réalité », décidemment, film vraiment visionnaire.

52 ans après le récit de SF et à peine 28 ans après le film, un faux jeu télévisé basé sur l'expérience de Milgram a été conçu pour France 2 afin de démontrer l'impact de la télévision sur les esprits, montrer jusqu'où des candidats seraient prêts, sous l'autorité supposée des animateurs du jeu, à aller.

Des candidats doivent sanctionner un joueur qui ne répond pas convenablement aux questions par des chocs électriques de plus en plus puissants. Évidemment, le joueur est un acteur et les chocs sont factices mais le public, et surtout les candidats, ne le savent pas.
Un constat édifiant : plus de 8 candidats sur 10 sont allés jusqu'au bout du « jeu » et ont infligé des souffrances au joueur malgré ses cris...
Extrait de l'article de Marianne consacré au sujet :
Le chercheur qui a coordonné l’expérience, Jean-Léon Bauvois, observe que « 80% des gens se comportent comme de possibles tortionnaires si la télévision le leur demande, cela reflète un pouvoir terrifiant. Quand une masse est gérée au niveau de ses pensées et de ses comportements, j’appelle ça un totalitarisme.

On voit bien ce que cela peut donner à l'extrême, alors que nous nous remémorons la rafle du vél'd'hiv, possible grâce au zèle de notre police et gendarmerie bien française, soumis à l'autorité de lois indignes.


Mais l'excellent livre de Jonathan littel, les bienveillantes révèle aussi une sombre vérité : les montres ce ne sont pas les autres, cela peut être aussi, et surtout.....nous !

Extrait de l'émission



Article complémentaire du blog sur le sujet
: Propos sur la légitimité des lois


2 comments

comprendre a dit…

Deux petites réactions à ton article.

La première, c'est que je ne savais pas que Stephen King était allé pomper du côté de la SF pour rédiger son (excellent) "Running Man".

La deuxième, c'est la légitimité et l'obéissance à un pouvoir légitime. Je m'interroge sur le jugement qui peut être porté sur les fonctionnaires gendarmes et policiers que tu cites dans ton article à propos de la rafle du vel'div. Je n'ai pas de réponse ou d'idée bien arrêtée, mais il me semble que la lecture moderne, hors contexte, est assez violente. Il me semble que la France de Vichy n'était pas radicalement remise en cause, de ce fait l'attitude du gros des fonctionnaires (hors zélés et saboteurs passifs) me semble difficile à juger aussi définitivement. D'ailleurs, les procès d'après-guerre n'ont pas ciblé les exécutants des ordres pétainistes, après tout, ils l'auraient tout aussi bien pu.

16 avril 2010 à 20:45
Cratès a dit…

Je suis d'accord avec toi comprendre, j'ai surtout voulu remettre, suite aux diverses expériences de Milgram (il y en eu plusieurs) une réalité toute simple, à savoir que de la graine de criminel en puissance sommeille en nous si nous n'y prenons garde, et que la légitimité d'une loi est quelque chose de subjectif au vu des principes humanistes de base. Sans cela l'histoire pourrait recommencer... C'est sur on peut aussi dire que c'était une autre époque, mais je me pose encore la question de savoir comment moralement un policier a pu arrêter son voisin de palier pour obéir à des lois iniques. Certes il est difficile de juger alors que l'on y était pas mais se poser la question, ouvrir le débat même "durement" peut aussi concourir au devoir de mémoire, à la veille des consciences. Merci pour cet éclairage "comprendre" et à bientôt.

17 avril 2010 à 12:41